Le gouvernement a lancé mercredi 26 mai une consultation publique pour construire une Stratégie d’Accélération « Technologies avancées pour les Systèmes Energétiques », qui se clôturera le mercredi 30 juin.

Cette stratégie vise à favoriser le développement d’une industrie française des nouvelles technologies de l’énergie, vecteur d’une plus forte indépendance extérieure de la France, créatrice d’emplois et capable de répondre à une demande globale actuelle et future de développement croissant des énergies renouvelables, et de l’électrification des usages. Le photovoltaïque, l’éolien flottant et les réseaux énergétiques sont en particulier identifiés comme secteurs prioritaires.

 

 

 

Qu’est-ce qu’une stratégie d’accélération ?

Les stratégies d’accélération sont au cœur du quatrième Programme d’investissements d’avenir (PIA4) dont les grandes lignes ont été annoncées par le Premier ministre en septembre 2020 à l’occasion de la présentation du plan France Relance. À travers ces stratégies d’accélération, il s’agit d’identifier les principaux enjeux de transition socio-économique de demain et d’y investir de façon exceptionnelle et massive dans une approche globale (financements, normes, fiscalité…).

Le PIA 4 y consacrera 12,5 Mds€ d’ici à 2025, sur les 20 Mds€ dont il est doté. Les 7,5 Mds€ restants permettront de financer de façon pérenne les organismes d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation afin de leur donner de la visibilité sur le long terme et créer un terreau fertile d’où naîtront spontanément les innovations de demain.

L’objectif est de permettre à l’État, à travers un Conseil de l’innovation réuni régulièrement par le Premier ministre et piloté par le SGPI (Secrétariat Général Pour l’Investissement), de définir des priorités d’investissements et d’impulser de véritables transformations dans des secteurs ou technologies d’avenir tout au long du déploiement du programme. Cette logique dite « dirigée » du Programme d’investissements d’avenir consiste donc à cibler quelques secteurs, marchés ou technologies prioritaires afin d’en soutenir les étapes clés de développement selon la maturité des innovations, depuis leur conception jusqu’aux conditions de leur déploiement, favorisant ainsi une meilleure articulation entre amont et aval des politiques d’aide à l’innovation.

Chaque stratégie est pilotée par un coordinateur interministériel ayant pour mission de coordonner et suivre l’ensemble des actions mises en œuvre. Il supervise la stratégie en lien avec les ministères, experts et scientifiques compétents réunis au sein d’une unité dédiée appelée task force. Rattaché au SGPI, le coordinateur rapporte au Comex du Conseil de l’innovation.

 

Quelles sont les stratégies d’accélération déjà engagées par le gouvernement ?

L’Etat a déjà officialisé la création de 3 stratégies d’accélérations prioritaires, notamment sur son tandem phare numérique-énergie. Une quatrième stratégie d’accélération pour l’enseignement et le numérique a été annoncée, mais le détail des mesures qui seront mises en œuvre et des ressources allouées n’est pas encore connu.

Le Plan Hydrogène, coordonné par Hoang BUI et lancé quelques semaines après l’annonce du plan de relance France Relance est la première mesure de l’Etat pour redémarrer l’économie française, dans un objectif de décarboner l’industrie et la mobilité pour respecter les engagements pris en 2015 dans le cadre de l’Accord de Paris. Ce plan Hydrogène est notamment une réponse au succès de l’Appel à Manifestation d’Intérêt lancé par le Comité Stratégique de Filière « Industrie des Nouveaux Systèmes Energétiques » au printemps 2020, qui avait fait remonter un besoin d’investissement public de 7 Mds€ pour accompagner l’émergence de cette filière indispensable à la décarbonation du mix énergétique français.

Doté de 7,2 Mds€ d’ici 2030, une première enveloppe de 2 Mds€ a été débloquée par le gouvernement, notamment pour financer deux appels à projets dédiés à l’hydrogène :

Le reste de cette enveloppe (environ 1,5 Mds€) sera alloué à la participation française à un IPCEI (Important Project of Common European Interest) dédié à l’hydrogène vers 2022 ou 2023, sur le modèle de ce qui a été fait en 2019-2020 pour les batteries (« l’Airbus de la batterie »).

Coordonnée par William LECAT, la stratégie d’accélération sur la cybersécurité a été annoncée le 18 février 2021. 700 M€ d’argent publics seront investis sur cette thématique d’ici 2025, avec en particulier 40 M€ (dont 20 M€ du PIA 4) qui financeront le projet qui sera sélectionné à l’appel à manifestation d’intérêt « Sécuriser les territoires : lancement de démonstrateurs territoriaux de cybersécurité » lancé le 18 mars 2021 et qui se clôturera le 16 juin 2021. Une enveloppe de 74 M€ sera également allouée au renforcement des synergies, ce qui pourrait par exemple permettre de créer un pont entre les mondes du numérique et de l’énergie en développant un axe sur la cybersécurité des systèmes énergétiques critiques. L’objectif est de doubler le nombre d’emplois de cette filière pour passer de 37 000 à 75 000 emplois d’ici 2025, et de faire émerger trois licornes françaises en cybersécurité avec des solutions souveraines et innovantes.

La stratégie d’accélération pour les technologies quantiques, coordonnée par Neil ABROUG, a été présentée le 21 janvier 2021 par le Président de la République, et servira l’ambition d’être parmi les premiers pays à maîtriser les technologies quantiques et de bâtir une nouvelle filière industrielle avec une prévision de 16 000 emplois directs en 2030. L’Etat investira environ 1 Md€ sur quatre ans, avec pour objectif notamment d’être le premier pays à disposer d’un prototype complet d’ordinateur quantique généraliste de première génération d’ici 2023 qui offrira des apports de rupture aux domaines de l’industrie, de l’énergie, de la santé ou encore de la défense.

Pourquoi une stratégie pour les « Technologies avancées pour les systèmes énergétiques » ?

 

L’AMI solaire lancé par le Comité Stratégique de Filière « Industrie des Nouveaux Systèmes Energétiques » à l’automne 2020 a mis en avant un besoin d’aide de l’Etat de 500 M€ à 1 Md€ pour relancer cette filière industrielle qui était pionnière à l’échelle mondiale il y a quinze ans et dont de nombreux composants stratégiques ont depuis été délocalisés en Asie. La crise COVID a quant à elle fait apparaître la nécessité de relocaliser sur le continent européen la production industrielle de certaines filières stratégiques pour l’Europe, comme les batteries, l’hydrogène ou encore donc, le solaire. Certains projets de grande envergure émergent en Europe sur le solaire et il est important que la France puisse faire valoir ses atouts qui ont été mis en avant par les réponses à cet AMI.

Pour autant, l’enveloppe de financement identifiée pour la filière solaire est trop importante pour être compatible avec les autres aides génériques existantes actuellement et justifie que l’Etat ait une stratégie d’investissement spécifique pour cette technologie de production d’énergie très en retard sur ses engagements, avec 10,4 GWc de puissance raccordée en décembre 2020 pour un objectif 2023 de 20,1 GWc de puissance solaire.

D’un autre côté, la filière solaire n’est pas la seule nécessaire à l’atteinte des objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie. La filière éolienne est également en retard sur ses objectifs avec 24,1 GW d’éolien terrestre et 2,4 GW d’éolien offshore visés en 2023 contre 17,6 GW d’éolien terrestre et aucun parc offshore raccordés fin 2020. En particulier, le retard de la filière éolienne offshore est particulièrement marquant face aux puissances déjà raccordées ailleurs en Europe (10,4 GW au Royaume Uni ou encore 2,6 GW aux Pays-Bas début 2020) et ce alors que la France présente le 2ème gisement le plus important d’Europe pour la production d’énergie éolienne en mer. 

Ce retard s’explique par des procédures administratives plus longues que dans d’autres pays, mais également pour des raisons technologiques. En effet, les éoliennes offshore déployées actuellement sont principalement des éoliennes posées au sol (de conception assez semblable aux éoliennes terrestres) qui peuvent être implantées jusqu’à 50 m de profondeur, par exemple en mer Baltique (55 m de profondeur moyenne) ou sur le plateau morainique du Dogger Bank à l’est de la Grande-Bretagne de 15 à 30 mètres de profondeur. En revanche la limite de 50 m de profondeur est très vite atteinte le long des côtes françaises, ce qui rend nécessaire de développer de nouvelles technologies d’éoliennes, des éoliennes flottantes, pour que la France puisse exploiter le plein potentiel énergétique de son territoire maritime.

Le lancement d’une stratégie d’accélération dédiée aux technologies avancées pour les systèmes énergétiques devrait donc être un grand pas en avant pour positionner la France parmi les leaders de l’éolien flottant, dont le gisement en Europe est deux fois plus important que celui de l’éolien posé.

Enfin, l’intégration des EnR électriques intermittentes que sont le solaire PV et l’éolien nécessitera des investissements et des innovations importants dans les réseaux électriques pour les rendre plus flexibles, plus interconnectés aux pays limitrophes et passer du modèle actuel de production centralisée d’électricité à un modèle de production décentralisée. Enedis estimait ainsi en 2019 un besoin d’investissement de 700 M€/an supplémentaires pour passer de 1,1 Mds€ en 2019 à 1,8 Mds€ en 2035 pour le seul réseau de distribution. Le schéma décennal d’investissement de RTE prévoit quant à lui de passer de 1,5 Mds€ d’investissement en 2018 à 2,4 Mds€ en 2030, essentiellement justement du fait du raccordement des parcs éoliens en mer.

 

 

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Cet article a été rédigé par Valentin Maillot

 


Valentin Maillot

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