On connait trop peu la géothermie. Quel est son potentiel en France ?

Le principe clef de la géothermie, c’est qu’elle permet de produire dans le même temps du chaud et du froid, et ainsi répondre aux objectifs nationaux et régionaux de décarbonation de la chaleur. Pour rappel, la PPE fixe à 38 % la part d’énergies renouvelables dans la consommation de chaleur et de froid en 2030 (contre 20,8 % fin 2019).

La géothermie a beaucoup d’atouts pour répondre à ces enjeux. C’est une énergie disponible localement, 24h/24, indépendante des variations climatiques, avec peu d’impact sur son environnement, une faible occupation foncière et peu d’émissions polluantes.

La géothermie dite de surface permet de capter la température du sous-sol entre 0 et 200 mètres de profondeur afin de réchauffer ou de refroidir des bâtiments selon les besoins saisonniers. La production de chaleur par la géothermie de surface représente les trois quarts de l’énergie produite en France par la géothermie. De plus, elle est accessible sur la quasi-totalité du territoire français. En dépit de ces atouts, aujourd’hui c’est une source d’énergie encore peu exploitée. En 2019, la part de production primaire de chaleur renouvelable provenant de la géothermie de surface était de 3 % (contre 65 % provenant du bois).

Et en région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Selon une étude de l’ADEME, la région AURA est la 2^e pour l’installation de géothermie sur nappe et la 3^e pour la géothermie sur sonde. On compte 819 installations de géothermie sur le sol, dont 133 installations sur un champ de sondes, 3 installations sur eaux usées et 683 sur nappes aquifères. Ce recensement a permis notamment de constater que les installations de géothermie sur nappe sont concentrées sur les agglomérations et le long du Rhône ; et que les installations sur sondes, sont réparties sur les zones montagneuses (Haute Savoie, Pays de Gex) et Clermont-Ferrand.

Un des projets phares du territoire est le projet de « boucle d’eau » sur le lac d’Annecy. L’eau du lac sera pompée à moins 20 mètres, à une température constante de 7° et sera entièrement reversée dans le lac avec 4 ou 5°. Ce système assurera le confort thermique des occupants de 18 bâtiments d’habitation, d’une résidence senior, d’un hôtel d’un centre nautique. La boucle d’eau couvrira ainsi 95 % des consommations de chauffage et de la production d’eau chaude sanitaire et même 100 % des consommations de climatisation de l’ensemble.

Quels sont les grands objectifs de l’animation Géothermie AURA ?

La mise en place d’un réseau d’animateurs géothermie à l’échelon régional apparait comme un levier important pour déployer plus largement la géothermie sur l’ensemble des territoires. C’est pourquoi l’ADEME a confié pour trois ans l’animation de la filière aux deux structures complémentaires que sont AURA EE (en appui des acteurs publics et institutionnels) et Tenerrdis (en lien avec les acteurs privés).

L’objectif de la mission est d’aider les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les aménageurs à adopter cette solution énergétique, accompagner et encadrer le développement des entreprises du secteur, former et informer les acteurs de l’énergie sur cette technologie et ses avantages et faciliter l’innovation.

Concrètement, l’animation régionale s’articule autour de 4 axes :

Le 1^er axe vise à animer le réseau régional des acteurs et contribuer au réseau national des animateurs de la géothermie. Une des actions sera la mise en place de groupes de travail (sur le suivi des installations, l’évolution des couts de forage, la formation et le recrutement…)

Le 2^e axe a pour objectif d’outiller les ambassadeurs (EPCI / Syndicats / PNR / ALEC / aménageurs) de la géothermie en organisant par exemple des webinaires de bonnes pratiques, des revues de projets, des formations sur les outils d’aide à la décision.

Le 3^e axe vise à mieux faire connaitre la géothermie auprès des maitres d’ouvrages (promoteurs, aménageurs, concepteurs, bureaux d’étude, logement social, bailleurs privés, collectivités) via une campagne de communication sur les réseaux sociaux, des interventions sur des salons, des animations auprès des collectivités.

Et le 4^e axe, porté plus spécifiquement par Tenerrdis, veut soutenir l’innovation de la filière dans son ensemble en valorisant les projets innovants existants, en favorisant l’émergence de projets collaboratifs, et en accompagnant leur développement afin que les acteurs puissent collaborer sur les freins et leviers de la filière.

Publié par R.Descamps