Retour sur la Journée Technique "Décarbonation de l'industrie" co-organisée par Tenerrdis, qui a réuni plus de 100 personnes à Lyon. Un partage d'informations, de méthodologies et d'expériences utiles pour dégager des solutions concrètes. Focus sur une journée qui a mis en lumière les technologies à déployer pour parvenir à cette nécessaire décarbonation !

90 % des réductions d’émissions CO2 peuvent être réalisées en déployant des technologies éprouvées et réplicables.

 

 

A l’origine de l’événement

Avec environ 20 % des émissions de GES nationales, le secteur industriel doit engager dès à présent les investissements nécessaires pour s’aligner sur la Stratégie Nationale Bas-Carbone à l’horizon 2050. Le secteur fait partie des « bon élèves » en termes de diminution des émissions depuis une vingtaine d’années, et de nombreux projets à impacts forts voient le jour sur l’ensemble du territoire. Il est donc nécessaire de communiquer sur les résultats de projets réalises afin d’amplifier leur réplicabilité et d’encourager le partage d’expériences et répondre aux enjeux d’innovation.

Réunis à l’ECAM LaSalle, industriels, scientifiques et techniciens ont ainsi pu croiser leurs regards. Cette journée organisée par Tenerrdis, AXELERA et Alliance ALLICE a été introduite par Greg de Temmernan, DG du think tank Zenon, qui a notamment souligné l’importance d’intégrer les questions d’échelle et de taille de systèmes dans la vitesse de diffusion de technologies émergentes. Sachant que l’atteinte des objectifs requiert une combinaison de facteurs, la coopération entre acteurs s’impose.

 

Synthèse des interventions

Session 1 : Accompagner les projets de décarbonation, méthodologies innovantes

Dans cette séquence, le CETIAT, Coretec et eFlower ont pu intervenir et proposer leurs services, leurs méthodologies dans le but d’apporter un soutien pour les industriels sur les projets de décarbonation.

Avec une expertise sur la performance énergétique industrielle et la réalisation d’audits de décarbonation notamment, l’objectif est de définir clairement avec les entreprises quels sont les leviers d’actions ou les procédés dans lesquels l’électrification et l’optimisation sont possibles. Dans le contexte actuel où les prix du CO2 et de l’énergie remontent il est nécessaire de viser dans un premier temps l’efficacité énergétique avant de penser l’achat d’énergies décarbonées.

La nécessité d’une vision globale du système industriel d’un site est mise en lumière avec exemple « faux amis » d’une expérience de réduction des consommations sur une utilisation spécifique a pu ensuite générer une augmentation des rejets de CO2.

Un autre point important abordé dans cette session : la flexibilité. En effet, c’est ce qui est souligné dans l’intervention de eFlower qui, par le biais d’outils, modèles et applications, créé de la valeur en déplaçant les consommations selon les heures où les prix de l’électricité et du CO2 sont moins élevés. Les agrégateurs tels qu’Energy Pool développent cette offre et associe d’autres leviers renforçant l’impact sur la décarbonation.

Session 2 : Électrification des procédés

Dans cette deuxième session, Energy Pool, ED et ID Partners ont présenté des projets d’électrification reposant sur des moyens technologiques innovants tels, que le remplacement d’une chaudière à gaz par une chaudière électrique, la RMV (Recompression mécanique de vapeur) ou encore la mise en place d’un système à induction dans les procédés.

Outre la réduction de consommation de combustibles fossiles, ces solutions apportent également une certaine efficacité et flexibilité dans la consommation et par conséquent amplifient la décarbonation du site.

L’intervention de RTE a permis de rappeler que les objectifs de la SNBC à l’horizon 2050 supposent des investissements à hauteur de 33Md€ dans les réseaux de transport électriques pour supporter un taux d’électrification des usages en augmentation de 50%. Par ailleurs, les conditions de raccordement au réseau électrique fait aussi l’objet d’un accompagnement réalisé sur mesure par RTE.

Session 3 : Production d’ENR, de gaz et de chaleur décarbonée

L’après-midi a débuté par la restitution d’une étude réalisée par l’Alliance ALLICE sur le potentiel d’intégration des gaz décarbonés dans l’industrie. Les gaz décarbonés sont répartis en 3 grandes catégories :

Avec chacun des avantages et des inconvénients. Le choix de l’industriel sera donc influencé par différents critères tels que les possibilités d’approvisionnement, la stabilité de la composition, la compétitivité ou encore la facilité d’intégration dans les processus.

Pour confirmer l’importance de ces potentiels, GRTGaz a partagé une vision à horizon 2050 selon laquelle la distribution de gaz décarbonés serait opérée par 2 réseaux distincts biométhane et hydrogène afin d’offrir de multiples choix de solutions de décarbonation. L’accélération du déploiement de gaz vert sur le réseau est également soutenue par l’achat de contrats premium et de garanties d’origine (GO). Des contrats mettant directement en lien producteurs et consommateurs de gaz pourraient également voir le jour.

Le vecteur chaleur a été illustré par Ginger BURGEAP qui déploie son expertise en études de projets d’installations de géothermie de surface. Localisée et décarbonée, la géothermie apporte du froid et de la chaleur, complétant ainsi le mix énergétique sur les sites industriels. Le Groupe VICAT a conclu cette séquence par une combinaison de technologies offrant la possibilité aux sites électro-intensifs comme les cimentiers de tester des projets de captage et utilisation du carbone (CCU) qui comme son nom l’indique valorisent le CO2 émis par la chaine de production.

Session 4 : La place des CSR dans le mix énergétique

Dans cette ultime séquence animée par Almaterre, Leroux&Lotz et Veolia, l’attention s’est portée sur les Combustibles Solides de Récupération (CSR) dont le recours suppose une parfaite symbiose entre les chaines d’approvisionnement, l’industriel qui traite les CSR comme des intrants industriels, et les utilisateurs finaux qui doivent savoir qualifier les services attendus, – en électricité et gaz dans le cas d’une cogénération.

En effet, cette solution vise à utiliser les déchets ultimes non recyclables avec un objectif pour 2025 de valorisation 1,5M de tonnes supplémentaires. Cce qui représente un bon potentiel énergétique de 100 MW et la mise en œuvre d’une filière structurée. Cependant, cette structuration de filière nécessite davantage d’investissements pour accélérer la mise en route des projets en émergence. La mise en route du projet Dombasle Energie récemment lancé par Solvay et Veolia, dans le but de créer une boucle vertueuse d’économie circulaire permettant de réduire l’empreinte carbone du site d’environ 50 % selon les projections, est prévue pour 2024.

 

Et maintenant ?

En conclusion de cette journée technique riche en informations, solutions, méthodologies, l’ADEME par l’intermédiaire de Eliot Magnin a proposé de revenir sur certains points clés de la décarbonation de l’industrie :